mardi 13 décembre 2011

Focus sur les investissements en fonds ISR, de partage, éthique, solidaire...

La semaine de la finance solidaire du 3 au 10 novembre était une occasion pour moi de préparer un article sur les OPCVM ISR, de partage, éthique, solidaire...

Les encours de la finances solidaires ont augmenté de 30% en 1 an. Pas de mystère, ce boom provient principalement des fonds solidaires proposés dans les PEE/PERCO.

J'avais déjà fait une article se rapprochant de ce thème : investir solidaire.

Quelques définitions pour s'y retrouver...

L’investissement socialement responsable (ISR) est un investissement individuel ou collectif effectué selon des critères sociaux, environnementaux, éthiques et de gouvernance d'entreprise sans occulter la performance financière. Wikipédia


Le développement durable est une nouvelle conception de l'intérêt public, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux d'une planète globalisée. Wikipédia
 Ce schéma est la meilleure définition de ce qui est le développement durable (Wikipédia)

La responsabilité sociétale (ou sociale) des entreprises (RSE) est un « concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire ». Énoncé plus clairement et simplement, c'est « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable ». Wikipédia

L’éthique est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure.
Il existe différentes formes d’éthique qui se distinguent par leur degré de généralité (l’éthique appliquée par exemple ne possède pas le degré de généralité de l’éthique générale). Dans tous les cas, l’éthique vise à répondre à la question « Comment agir au mieux ? ». Wikipédia
Schéma définissant l'éthique (Wikipédia)

L'économie sociale est née de la volonté de replacer l'homme au cœur de l'économie. Les entreprises de l'économie sociale, qui peuvent appartenir à tout secteur économique, se caractérisent par des statuts particuliers (mutuelles, coopératives, associations et fondations), et des principes communs : liberté d'adhésion, gestion démocratique (un individu, une voix), système spécifique de répartition des gains, primauté de l'homme sur le capital, principes de responsabilité et de solidarité, etc... Finansol 

 

L'économie solidaire est née d'une volonté de retour à l'un des principes fondateurs de l'économie sociale : la solidarité. L'économie solidaire repose donc, comme l'économie sociale, sur la volonté de placer l'homme au cœur de l'économie, mais elle met davantage l'accent sur la réduction des inégalités sociales, et se définit plutôt par la nature des projets que par des statuts. Finansol

 

C'est bien compliqué tout ça !


Et oui ! Un fonds éthique n'est pas forcément RSE ou ISR. Un investissement solidaire ne respecte pas toujours les principes du développement durable. Attention à la dénomination de l'investissement et aux critères réels (l'éthique n'est que relative...). Mais qui peut juger tout ça ?

Des agences de notation, Moody's, S&P... Non, je rigole !

Standard & Poor's

Enfin, non, ce n'est pas Moody's qui s'y met, ni ses honnêtes compagnons, mais de nouveaux acteurs se spécialisant sur la notation extra-financière un créneau pipeau rémunérateur. Il y a Vigeo, Novethic... Je suppose qu'on peut s'attendre aux mêmes conneries difficultés qui se posent avec les escrocs anglo-saxons des agences de notation financière. Qui contrôle les contrôleurs pour éviter le dérives ?

Certains ne se privent pas pour les remettre en question.

Novethic

Des OVPCM dans tous les sens

Le nombre d'OVPCM traitant de ces sujets est croissant. La population est sensible à ces thèmes et pense faire une bonne action (se racheter ?) en investissant sur ces fonds. Ils sont proposés un peu partout : assurances vies, comptes titres, PEA, PERP, PEE, PERCO...

Ainsi, on retrouve plusieurs catégories de fonds correspondants aux différents définitions :
  • fonds ISR,
  • fonds éthiques,
  • fonds sur le développement durable,
  • fonds solidaires (appelés également fonds "90-10", car 5 à 10% du fonds est investi dans des entreprises dites solidaires),
  • fonds RSE,
  • fonds de partage (une partie de la performance du fonds est donnée directement à des organismes à but non lucratif : Croix Rouge, Action Contre la Faim...).
Les fonds peuvent également cumuler les dénominations (exemple : fonds ISR et de partage).

Le site Finansol propose une sélection de fonds qui suivent ces principes.

Finansol

Je suis assez sceptique sur l'utilité finale de ces fonds.

Mais pourquoi prendre ces fonds ?

Éthique: pourquoi rémunérer un gestionnaire 2 à 3% de l'actif pour ne pas investir dans l'armement et le tabac ? Alors qu'il aura peut être choisi une entreprise avec une belle façade mais qui fait un peu de corruption ?

Développement durable : pourquoi donner 2 à 3% de l'actif à un gérant qui investira dans le solaire et l'éolien, et qui évitera le nucléaire et le pétrole ? Alors qu'il aura peut être pris une entreprise du photovoltaïque dont la fabrication et l'utilisation génère plus de pollution que le thermique ?

Partage : pourquoi donner 2 à 3% de son argent chaque année à un organisme à but très lucratif (une société de gestion est très lucrative !) pour aller ensuite faire donner 2 à 3% de son actif à un organisme à but lucratif ? Autant prendre un fond "normal" (l'univers des fonds de partage étant bien plus restreint que celui des fonds classiques, on a plus de mal à trouver un bon gérant...) et verser à une association de son choix par la suite.

On peut se poser les mêmes questions pour chaque catégorie. Comme pour tous les fonds, on trouve le meilleur comme le pire. Je ne suis pas partisan de ces fonds car j'aime la gestion en direct (plaisir de gérer, limiter les frais, savoir ce que je fais et où est mon argent) et je ne suis pas convaincu de toutes ces bonnes intentions affichées.

Allons voir de plus près !


Prenons au hasard un fond proposé sur le site de Finansol : Choix Solidaire (FR0010202663) (D)

Orientation de gestion : SICAV alliant investissements socialement responsables et investissements solidaires. Son objectif est d’obtenir une performance supérieure à celle de son indice de référence par une allocation diversifiée en actions cotées (maximum 35% du portefeuille) et en produits de taux (minimum 65%) sélectionnés selon des critères financiers et ESG (environnementaux, sociaux, et de gouvernance). La part investie en titres d’entreprises solidaires représente entre 5% et 10% de l’actif.

Nous sommes donc en présence d'un fond solidaire (dit "90-10") et ISR.

La fiche produit et le prospectus sont disponibles.


La répartition est la suivante : 30% actions, 40% obligations, 20% monétaire et 10% solidaire.


Que retrouvons-nous comme titres ? Eni, L'Oréal, Métro... pour les actions. De l'OAT, des BTF... Et pour les titres solidaires ? Finantoit, Chenelet, Pierre Angulaire...



Le top et flop 5 des notation ISR du fonds sont proposés. La notation est sur 10 : 20% des titres sont notés de 0 à 2,5 et 2% de 7,5 à 10 ! Il semble qu'il est difficile de trouver des titres répondants aux critères ISR et étant financièrement attractifs (ou sinon pourquoi tout le portefeuille n'est pas noté de 7,5 à 10 ? pourquoi conserver les titres ayant une note nulle ?).

On apprend également que la filtre ISR ne conserve que 60% des titres de l'univers traditionnel.

La rémunération du gérant est d'environ 1%, ce qui semble raisonnable. Il n'arrive pas à tenir son benchmark.

Mon opinion

Je vois un intérêt limité dans ces fonds. Ceux qui n'ont pas de temps à consacrer à la gestion et qui aiment les OVPCM peuvent y trouver leur intéret, mais un tri s'avère indispensable pour investir dans un fond qui correspond à ses attentes (voir les nombreuses définitions des différents termes et leurs interprétations potentielles).

Choix des titres
Je ne suis toujours pas convaincu qu'il faut payer un gérant pour acheter Danome ou l'Oréal avec un logo "ISR", ou bien des obligations du Crédit Agricole. Je sais le faire sans lui et pour moins cher. J'ai peur que tous ces logos "partage" ou "solidaire" ne soient un prétexte pour capter de l'épargne et des frais sans vraiment faire avancer ces causes (tout en donnant bonne conscience au souscripteur).

L'actionnariat individuel me parait être une meilleure voie pour faire avancer certaines de ces causes (notamment l'éthique, l'ISR et le développement durable), mais elle dérange surement tous ces organismes (pourquoi doit-on en France détenir au moins 5% du capital d'une entreprise pour déposer un projet de résolution aux AG ?).

Fonds solidaires
L'investisseur aura tout intérêt à faire ces investissements en direct (si son temps lui permet). Par exemple, la plupart des titres solidaires peuvent être souscris en direct et avec une réduction d'IRPP à la clé (22%) tout en évitant les frais de gestion du fond. Avec 1% de gestion par année et sans réduction d'IRPP, un titre solidaire sans valorisation et sans dividendes fera perdre à l'investisseur 5% de son investissement... Alors qu'une souscription en direct apporte un TRI annuel de 5,1%. L'investissement en direct apporte un gain de 35% sur 5 ans par rapport au fond, soit 6,1% de TRI. Si le part solidaire du portefeuille est de 10%, le gain global est de 0,6% annuel.

Il peut ainsi remplacer un fond solidaire par plusieurs fonds non solidaire et performants de son choix et les compléter avec des titres solidaires en direct (10% maximum du portefeuille, car ces titres restent risqués et sont à assimiler à du non coté) avec une optique moyen/long terme (détention minimale de 5 ans).

J'ai investi en directement sur plusieurs de ces titres, mais pour le moment, si je dois les rapporter au portefeuille global, ils représentent 1 à 2%. Le portefeuille de Super Pognon est un peu solidaire, mais pas assez encore ! Allez, ça viendra avec des investissements progressifs !

Fond de partage

Pourquoi passer par un fond pour donner à des œuvres ? J'ai du mal à comprendre. Ah, oui, vous voulez bénéficier de la réduction sur le taux du PLF ? Je préfère prendre un livret d'épargne sur le même principe...

Fonds éthiques

Indirectement, j'essaie de suivre quelques principes pour mon portefeuille : pas d'armement, pas de tabac, et plus de "charme" depuis récemment... Je ne vois pas la nécessite absolue de passer par des fonds spécialisés pour cela.

Fonds ISR

Des choix faits sur la notation d'agence, ça me rappelle quelque chose qui ne semble pas très bien fonctionner dans d'autres domaines qui paraissent bien plus abordables ?


Quels sont vos avis sur ces fonds ? Avez-vous une gestion qui reprend une partie de ces critères ? Avez-vous envie de changer votre gestion ?

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