lundi 19 décembre 2011

Alcatel Lucent 5% 2015 : une obligation convertible avec un rendement à la grec......

Alcatel était une des principales victimes de la bulle internet. Le titre n'a jamais retrouvé son cours, même une décennie plus tard (comme d'autres entreprises comme France Telecom).
Un groupe mondial des télécoms

Voici la résumé Boursorama de l'entreprise :


Alcatel-Lucent propose des solutions qui permettent aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux administrations du monde entier d'offrir des services voix, données et vidéo à leurs propres clients. Leader dans les réseaux haut débit fixes, mobiles et convergés, les technologies IP, les applications et les services, Alcatel-Lucent développe des solutions complètes qui rendent possibles des services de communications innovants pour les utilisateurs, qu'ils soient chez eux, au travail ou en déplacement. Présent dans plus de 130 pays, Alcatel-Lucent est un partenaire local avec une dimension internationale. L'équipe de service d'Alcatel-Lucent est la plus développée et la plus expérimentée de l'industrie. Le Groupe compte également l'une des plus grandes capacités de R&D dédiées aux communications.
Alcatel-Lucent qui a réalisé des revenus de 15,99 milliards d'euros en 2010, est une société de droit français, avec son siège social à Paris.


 Actionnariat

On retrouve de nombreux fonds dans les principaux actionnaires, et aucun actionnaire de référence se détache.

Selon Boursorama :
1. Brandes Investment Partners                 
4,97%
 2. BlackRock                                          4,86%
3. FMR LLC                                           4,80%  
4. Artis Capital Management                    3,39%
5. Tradewinds Global Investors                2,90%

Le titre n'a pas versé de dividendes depuis 2007...

Chute à l'avant, chute...

                       La chute est douloureuse !

Un cours quasiment divisé par 20 en 10 ans ! La première crise a divisé par 2 et la seconde par 10...

Historique des cours sur 10 ans
Analyse de l'action


Allons voir les dernières informations financières concernant ce titre. Le dernier rapport semestriel sera une lecture intéressante à faire. Le screener de l'Investisseur Heureux est aussi un bon outils.


En regardant le bilan on voit que les capitaux propres ont été massacrés en 2007 et 2008. Ils sont passés de 12 milliards d'euros à 4 milliards d'euros ! Les résultats de 2007 et de 2008 cumulent quasiment 9 milliards de pertes !


Entre 2007 et 2010, les free cash flow (flux de trésorerie sans les amortissements) est resté stable à environ - 500 millions d'euros. La trésorerie et les dettes à long termes sont également restées à peu près stables. Le chiffre d'affaire a baissé puis a commencé à remonter en 2010. Les résultats sont toujours négatifs.


Alcatel-Lucent est une entreprise des technologies. Ainsi, une baisse de ses investissements est un très mauvais signe pour son avenir. Les dépenses d'investissements et les frais de recherche restent stable, ainsi elle paraît continuer à parier pour son avenir.


Le dernier rapport semestriel est encourageant. Malheureusement, la trésorerie diminue sévèrement (-1,5 milliards d'euros, il reste 3,5 milliards), principalement à cause du remboursement de dettes à long terme (environ 800 millions d'euros).


Le bilan diminue (à 22 milliards) et les capitaux propres augmentent légèrement vers 4 milliards... Le ratio d'endettement s'améliore, mais reste très médiocre. Du côté de l'actif, les actifs intangibles diminuent mais représentent toujours 6 milliards d'euros !

La capitalisation boursière est de 2,5 milliards d'euros alors que les capitaux propres sont à 4 milliards. La décote est d'environ 40%, mais elle n'est pas intéressante compte tenu des intangibles qui sont très difficilement valorisables...


L'entreprise a du mal à faire du résultat dans un environnement très difficile. L'actionnaire a beaucoup perdu... L'entreprise n'est pas en faillite, mais vivote... Quelques exercices compliqués pourraient l'achever ?


Mais, parlons plutôt de cette obligation convertible !


Vous pouvez la découvrir chez Financefi.

Allons voir comme toujours le prospectus.

On remarque que cette émission sert à payer... Une autre obligation arrivant à terme ! Bon, je ne peux pas trop m'en plaindre, sachant que j'étais détendeur de ces obligations !

Les caractéristiques de l'obligation (résumé) :
  • nominal : 3,23€,
  • Taux : 5% annuel,
  • versement des intérêts chaque semestre (les 1er janvier et 1er juillet),
  • amortissement : le 01/01/2015 au pair,
  • option de rachat : à partir de 2014 si l'action dépasse 4,2€ pendant 20 jours consécutifs, ou si il reste moins de 15% de l'émission en circulation,
  • convertibilité : à partir de 2009,
  • parité : 1 action pour une obligation.
 L'obligation cote à 2,37€ le 16 décembre 2011. Ainsi, le TRI est de quasiment 19% pour une échéance à trois années !

Vu la situation de l'entreprise, elle est dans la catégorie "junk bonds".

Le montant de l'obligation s'élève à 800 millions d'euros, et l'entreprise a déjà réussi à rembourser cette somme en 2011 (bon, d'accord, rembourser de la dette avec de la dette, ce n'est pas la panacée...).

Avec 3 milliards d'euros et un free cash flow de - 500 millions d'euros, la dette paraît remboursable dans 3 ans... Mais il suffit d'enchaîner quelques années moyennes ou mauvaises pour mettre en péril le remboursement du nominal. Même si l'entreprise vivote, les capitaux propres restent maigre (4 milliards qui sont valorisés en bourse à 2,5 milliards) pour un bilan de 22 milliards. Il suffit de retirer les deux tiers de la valeur des intangibles pour avoir des capitaux propres négatifs ! Les années précédentes les dettes à long terme et les capitaux propres sont restés stables.

Mais ces intangibles peuvent constitués quelques surprises (je suppose qu'on y retrouve les brevets de l'entreprise). Ces intangibles sont difficiles à valoriser pour l'investisseur, mais également pour l'entreprise. L'entreprise continue à investir dans la recherche, ainsi elle ne se fait pas trop distancée par ses concurrents... Cet argent continue à être investi dans ces "intangibles" qui eux sont revus à la baisse dans le bilan.

La situation a été nettement reprise depuis les années 2007-2008, on peut avoir l'espoir que l'action remonte. Je ne joue pas sur cet espoir en consacrant cet article à l'obligation convertible. Je trouve que le pari de l'obligataire qui attend un remboursement d'Alcatel-Lucent est beaucoup moins risqué et plus rémunérateur que celui de l'actionnaire. Le pari reste néanmoins osé, car l'entreprise reste dans une situation difficile. Le niveau des capitaux propres et de trésorerie sont à surveiller de près : l'objectif est qu'ils restent stables au minimum...

Le taux offert permet d'avoir un rendement HY avec en plus la cerise sur le gâteau si l'entreprise retrouve une santé financière correcte avec la convertibilité en actions.

Attention, alerte AMF !

AMF : Super Pognon a acheté de cette obligation "pourrie"
Fin de l'alerte AMF


Qu'en pensez-vous ? Êtes vous acheteur ? Ai-je oublié certains éléments ? Quelles sont vos analyses de ce titre ?

mardi 13 décembre 2011

Focus sur les investissements en fonds ISR, de partage, éthique, solidaire...

La semaine de la finance solidaire du 3 au 10 novembre était une occasion pour moi de préparer un article sur les OPCVM ISR, de partage, éthique, solidaire...

Les encours de la finances solidaires ont augmenté de 30% en 1 an. Pas de mystère, ce boom provient principalement des fonds solidaires proposés dans les PEE/PERCO.

J'avais déjà fait une article se rapprochant de ce thème : investir solidaire.

Quelques définitions pour s'y retrouver...

L’investissement socialement responsable (ISR) est un investissement individuel ou collectif effectué selon des critères sociaux, environnementaux, éthiques et de gouvernance d'entreprise sans occulter la performance financière. Wikipédia


Le développement durable est une nouvelle conception de l'intérêt public, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l'échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux d'une planète globalisée. Wikipédia
 Ce schéma est la meilleure définition de ce qui est le développement durable (Wikipédia)

La responsabilité sociétale (ou sociale) des entreprises (RSE) est un « concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire ». Énoncé plus clairement et simplement, c'est « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable ». Wikipédia

L’éthique est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure.
Il existe différentes formes d’éthique qui se distinguent par leur degré de généralité (l’éthique appliquée par exemple ne possède pas le degré de généralité de l’éthique générale). Dans tous les cas, l’éthique vise à répondre à la question « Comment agir au mieux ? ». Wikipédia
Schéma définissant l'éthique (Wikipédia)

L'économie sociale est née de la volonté de replacer l'homme au cœur de l'économie. Les entreprises de l'économie sociale, qui peuvent appartenir à tout secteur économique, se caractérisent par des statuts particuliers (mutuelles, coopératives, associations et fondations), et des principes communs : liberté d'adhésion, gestion démocratique (un individu, une voix), système spécifique de répartition des gains, primauté de l'homme sur le capital, principes de responsabilité et de solidarité, etc... Finansol 

 

L'économie solidaire est née d'une volonté de retour à l'un des principes fondateurs de l'économie sociale : la solidarité. L'économie solidaire repose donc, comme l'économie sociale, sur la volonté de placer l'homme au cœur de l'économie, mais elle met davantage l'accent sur la réduction des inégalités sociales, et se définit plutôt par la nature des projets que par des statuts. Finansol

 

C'est bien compliqué tout ça !


Et oui ! Un fonds éthique n'est pas forcément RSE ou ISR. Un investissement solidaire ne respecte pas toujours les principes du développement durable. Attention à la dénomination de l'investissement et aux critères réels (l'éthique n'est que relative...). Mais qui peut juger tout ça ?

Des agences de notation, Moody's, S&P... Non, je rigole !

Standard & Poor's

Enfin, non, ce n'est pas Moody's qui s'y met, ni ses honnêtes compagnons, mais de nouveaux acteurs se spécialisant sur la notation extra-financière un créneau pipeau rémunérateur. Il y a Vigeo, Novethic... Je suppose qu'on peut s'attendre aux mêmes conneries difficultés qui se posent avec les escrocs anglo-saxons des agences de notation financière. Qui contrôle les contrôleurs pour éviter le dérives ?

Certains ne se privent pas pour les remettre en question.

Novethic

Des OVPCM dans tous les sens

Le nombre d'OVPCM traitant de ces sujets est croissant. La population est sensible à ces thèmes et pense faire une bonne action (se racheter ?) en investissant sur ces fonds. Ils sont proposés un peu partout : assurances vies, comptes titres, PEA, PERP, PEE, PERCO...

Ainsi, on retrouve plusieurs catégories de fonds correspondants aux différents définitions :
  • fonds ISR,
  • fonds éthiques,
  • fonds sur le développement durable,
  • fonds solidaires (appelés également fonds "90-10", car 5 à 10% du fonds est investi dans des entreprises dites solidaires),
  • fonds RSE,
  • fonds de partage (une partie de la performance du fonds est donnée directement à des organismes à but non lucratif : Croix Rouge, Action Contre la Faim...).
Les fonds peuvent également cumuler les dénominations (exemple : fonds ISR et de partage).

Le site Finansol propose une sélection de fonds qui suivent ces principes.

Finansol

Je suis assez sceptique sur l'utilité finale de ces fonds.

Mais pourquoi prendre ces fonds ?

Éthique: pourquoi rémunérer un gestionnaire 2 à 3% de l'actif pour ne pas investir dans l'armement et le tabac ? Alors qu'il aura peut être choisi une entreprise avec une belle façade mais qui fait un peu de corruption ?

Développement durable : pourquoi donner 2 à 3% de l'actif à un gérant qui investira dans le solaire et l'éolien, et qui évitera le nucléaire et le pétrole ? Alors qu'il aura peut être pris une entreprise du photovoltaïque dont la fabrication et l'utilisation génère plus de pollution que le thermique ?

Partage : pourquoi donner 2 à 3% de son argent chaque année à un organisme à but très lucratif (une société de gestion est très lucrative !) pour aller ensuite faire donner 2 à 3% de son actif à un organisme à but lucratif ? Autant prendre un fond "normal" (l'univers des fonds de partage étant bien plus restreint que celui des fonds classiques, on a plus de mal à trouver un bon gérant...) et verser à une association de son choix par la suite.

On peut se poser les mêmes questions pour chaque catégorie. Comme pour tous les fonds, on trouve le meilleur comme le pire. Je ne suis pas partisan de ces fonds car j'aime la gestion en direct (plaisir de gérer, limiter les frais, savoir ce que je fais et où est mon argent) et je ne suis pas convaincu de toutes ces bonnes intentions affichées.

Allons voir de plus près !


Prenons au hasard un fond proposé sur le site de Finansol : Choix Solidaire (FR0010202663) (D)

Orientation de gestion : SICAV alliant investissements socialement responsables et investissements solidaires. Son objectif est d’obtenir une performance supérieure à celle de son indice de référence par une allocation diversifiée en actions cotées (maximum 35% du portefeuille) et en produits de taux (minimum 65%) sélectionnés selon des critères financiers et ESG (environnementaux, sociaux, et de gouvernance). La part investie en titres d’entreprises solidaires représente entre 5% et 10% de l’actif.

Nous sommes donc en présence d'un fond solidaire (dit "90-10") et ISR.

La fiche produit et le prospectus sont disponibles.


La répartition est la suivante : 30% actions, 40% obligations, 20% monétaire et 10% solidaire.


Que retrouvons-nous comme titres ? Eni, L'Oréal, Métro... pour les actions. De l'OAT, des BTF... Et pour les titres solidaires ? Finantoit, Chenelet, Pierre Angulaire...



Le top et flop 5 des notation ISR du fonds sont proposés. La notation est sur 10 : 20% des titres sont notés de 0 à 2,5 et 2% de 7,5 à 10 ! Il semble qu'il est difficile de trouver des titres répondants aux critères ISR et étant financièrement attractifs (ou sinon pourquoi tout le portefeuille n'est pas noté de 7,5 à 10 ? pourquoi conserver les titres ayant une note nulle ?).

On apprend également que la filtre ISR ne conserve que 60% des titres de l'univers traditionnel.

La rémunération du gérant est d'environ 1%, ce qui semble raisonnable. Il n'arrive pas à tenir son benchmark.

Mon opinion

Je vois un intérêt limité dans ces fonds. Ceux qui n'ont pas de temps à consacrer à la gestion et qui aiment les OVPCM peuvent y trouver leur intéret, mais un tri s'avère indispensable pour investir dans un fond qui correspond à ses attentes (voir les nombreuses définitions des différents termes et leurs interprétations potentielles).

Choix des titres
Je ne suis toujours pas convaincu qu'il faut payer un gérant pour acheter Danome ou l'Oréal avec un logo "ISR", ou bien des obligations du Crédit Agricole. Je sais le faire sans lui et pour moins cher. J'ai peur que tous ces logos "partage" ou "solidaire" ne soient un prétexte pour capter de l'épargne et des frais sans vraiment faire avancer ces causes (tout en donnant bonne conscience au souscripteur).

L'actionnariat individuel me parait être une meilleure voie pour faire avancer certaines de ces causes (notamment l'éthique, l'ISR et le développement durable), mais elle dérange surement tous ces organismes (pourquoi doit-on en France détenir au moins 5% du capital d'une entreprise pour déposer un projet de résolution aux AG ?).

Fonds solidaires
L'investisseur aura tout intérêt à faire ces investissements en direct (si son temps lui permet). Par exemple, la plupart des titres solidaires peuvent être souscris en direct et avec une réduction d'IRPP à la clé (22%) tout en évitant les frais de gestion du fond. Avec 1% de gestion par année et sans réduction d'IRPP, un titre solidaire sans valorisation et sans dividendes fera perdre à l'investisseur 5% de son investissement... Alors qu'une souscription en direct apporte un TRI annuel de 5,1%. L'investissement en direct apporte un gain de 35% sur 5 ans par rapport au fond, soit 6,1% de TRI. Si le part solidaire du portefeuille est de 10%, le gain global est de 0,6% annuel.

Il peut ainsi remplacer un fond solidaire par plusieurs fonds non solidaire et performants de son choix et les compléter avec des titres solidaires en direct (10% maximum du portefeuille, car ces titres restent risqués et sont à assimiler à du non coté) avec une optique moyen/long terme (détention minimale de 5 ans).

J'ai investi en directement sur plusieurs de ces titres, mais pour le moment, si je dois les rapporter au portefeuille global, ils représentent 1 à 2%. Le portefeuille de Super Pognon est un peu solidaire, mais pas assez encore ! Allez, ça viendra avec des investissements progressifs !

Fond de partage

Pourquoi passer par un fond pour donner à des œuvres ? J'ai du mal à comprendre. Ah, oui, vous voulez bénéficier de la réduction sur le taux du PLF ? Je préfère prendre un livret d'épargne sur le même principe...

Fonds éthiques

Indirectement, j'essaie de suivre quelques principes pour mon portefeuille : pas d'armement, pas de tabac, et plus de "charme" depuis récemment... Je ne vois pas la nécessite absolue de passer par des fonds spécialisés pour cela.

Fonds ISR

Des choix faits sur la notation d'agence, ça me rappelle quelque chose qui ne semble pas très bien fonctionner dans d'autres domaines qui paraissent bien plus abordables ?


Quels sont vos avis sur ces fonds ? Avez-vous une gestion qui reprend une partie de ces critères ? Avez-vous envie de changer votre gestion ?

mercredi 7 décembre 2011

Interview d'un gérant d'Amiral Gestion

 Je vous propose une interview d'un gérant orienté "value" d'Amiral Gestion (interview un peu courte malheureusement) sur le site "la bourse et la vie".

Julien Lepage Gérant Amiral Gestion - Vidéos/Interviews

Amiral Gestion a quelques positions communes avec Super Pognon (AMF : pas d'actions de concert), comme les CRCAM ou Vet Affaires.